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09/02/2010

Février 2004 - le blues du paysan français

A l'occasion d'un article sur les graves difficultés qui rendent le quotidien des campagnes françaises parfois bien triste, Famille Chrétienne nous avait offert un beau "portrait" de l'abbé :

Pays essentiellement agricole il y a encore un siècle, la France ne compte plus que 3% de paysans, qui se battent contre de multiples difficultés et doutent de leur identité. Pourtant, il existe des lueurs d'espoir. L'abbé Francis Michel, un curé de campagne heureux ! Portrait d'un prêtre normand qui est une véritable figure locale.

 

L'abbé Francis Michel, un curé de campagne heureux !

L'abbé Francis Michel, 54 ans, est un curé de campagne sans état d'âme, comme il l'avoue : « Tout le monde n'a pas la chance de posséder une paroisse aussi dynamique que la mienne et de remplir chaque dimanche son église ». Né à Pacy-sur-Eure sur les marches de la Normandie, il est l'un des rares prêtres originaires du diocèse d'Evreux à célébrer la messe sur ses terres. Il exerce en effet, depuis dix-huit ans, son ministère à Thiberville, gros bourg rural jadis rattaché au diocèse de Lisieux. Son excellente connaissance du terrain sociologique de la commune en fait un homme très écouté par les élus comme par les commerçants et les agriculteurs...

Ici, non loin du Pays d'Ouche si cher à l'écrivain Jean de La Varende, l'attachement à la Foi des ancêtres reste fort : « Cette enclave du département de l'Eure a sans doute été moins frappée par la déchristianisation que le reste du département. Le tissu rural demeure une barrière forte à l'athéisme ambiant longtemps entretenu de manière virulente par les libres penseurs du plateau », confie l'abbé Michel en réajustant sa soutane qu'il aime porter sans arrière-pensée idéologique.

Dure journée pour ce curé de campagne qui gère avec une force de conviction étonnante les treize paroisses rurales dont il a la charge. Véritable figure de la vie locale, on le connaît bien au-delà de son canton, et on vient parfois de plus de cinquante kilomètres à la ronde pour assister aux offices dont le prêche reste le morceau de bravoure. Le dimanche à la messe de 10h, l'office est en français et à 17h, en latin selon le rite traditionnel. On communie debout ou à genoux, c'est selon.

Une originalité qui comble une population attachée aux cultes des saints locaux : « Le monde rural n'aime pas que les choses changent brusquement. Notre Fête-Dieu, notre messe de Noël, mais aussi les bénédictions dans les champs pour Saint-Gorgon, Saint-Blaise ou Saint-Gilles sont tout particulièrement appréciées des agriculteurs. »

« Ici, on aime la Foi enracinée, charnelle », continue l'abbé en bricolant le toit de la maquette de son église (un cadeau offert par ses paroissiens).

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 70 % d'enfants au catéchisme, cent dix-sept baptêmes, trente-deux mariages par an pour une commune de mille cinq cent trente-sept habitants. Pas mal ! D'autant plus que les 15 % de pratique dominicale (un chiffre qui triple pour les grandes fêtes d'obligation) n'est pas si courant que ça aujourd'hui. L'abbé Michel peut donc avoir le sourire : « Vous voyez, il existe encore des curés de campagne heureux ! Le secret est de toujours être sur le terrain : au concours de belote, aux repas des anciens, aux fêtes de village, aux vins d'honneur... » En vérité, c'est aussi en ayant les pieds bien sur terre que l'on élève les âmes.

C. R.

 

 

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