27/08/2010
Saint Taurin - Fête de Thiberville
Dans une église pleine à craquer, en présence de nombreux porte-drapeaux et élus, les chants accompagnés par la Lyre thibervillaise la Saint-Taurin 2010, a été solennisée le dimanche 22 août (empêchée le 15 par l'Assomption).
Saint Taurin 1e Evêque d’Evreux, Saint Patron de l’Eglise de Thiberville.
Cette année l’homélie de l’Abbe Michel a porté sur une page d’histoire de notre diocèse, et plus particulièrement sur l’intronisation des Evêques successeurs de saint Taurin.
Avant la révolution, l'entrée d'un évêque d'Evreux dans sa ville épiscopale et dans son église cathédrale était un spectacle imposant qui suscitait l'enthousiasme des foules.
L'évêque d'Evreux, la veille de sa prise de possession, se rend au monastère de Saint-Taurin avec sa compagnie et ses chevaux.
Les abbés et religieux, revêtus de leurs plus beaux ornements le reçoivent à la grande porte de l'église ; l'abbé, ou en son absence le prieur, après avoir complimenté le prélat en peu de mots, le conduit à un prie-Dieu préparé au bas du maître-autel, paré comme aux grandes fêtes, sur lequel il se met à genou. Le répons fini, l'évêque chante le verset et l'oraison de S. Taurin. Alors l'abbé s'approchant de l'autel, ôte la mitre d'argent qui couvre le chef de S. Taurin et la met sur la tête de l'évêque, qui, [n'ayant pas encore de crosse], monte aussitôt à l'autel, se détourne vers le peuple et lui donne sa bénédiction ; après quoi il va au palais abbatial, où il trouve un repas pour lui et pour tous ceux qui l'accompagnent.
Le prélat et sa suite doivent coucher dans le palais abbatial.
Le lendemain tous les curés de la ville, chacun avec leur clergé, ainsi que toutes les communautés régulières, viennent sur les neuf heures du matin à l'église de Saint-Taurin, où l'évêque se rend aussi. Après qu'il s'est revêtu de ses habits pontificaux, les abbés et religieux en chape le conduisent au maître-autel. Alors le chantre ayant entonné le Veni Creator, la procession sort de Saint-Taurin pour aller à la cathédrale par la rue des Cordeliers. En cet ordre :
Les frères de la Charité vont devant, avec le clergé séculier et régulier : suivent ensuite les religieux bénédictins de Saint-Taurin, précédés de la croix et des chandeliers. L'un de ces religieux porte la crosse de l'évêque, qui marche le dernier entre les deux plus anciens curés de la ville, qui tiennent les devants de sa chape, et son aumônier la tient par derrière.
Jusqu’à ce que la procession soit parvenue à une petite maison appelée « de la Grosse ». Cette maison, qui appartient à un bourgeois, doit être parée proprement. C'est là où l'évêque est déchaussé, et sa chaussure appartient au bourgeois propriétaire de cette maison.
Quand le prélat sort de cette petite maison, le seigneur de Gauville doit se trouver là, avec beaucoup de pavée, si c'est en été, et beaucoup de paille, si c'est en hiver, et la jeter lui-même devant l'évêque qui marche nu-pieds.
La pavée, en terme du pays, n'est autre chose que des fleurs et différentes herbes qu'on répand dans les rues, comme l'on fait lors de la procession du Très Saint Sacrement.
La pavée ou la paille doit être en telle quantité, que les pieds du prélat ne puissent toucher la terre, et ledit seigneur de Gauville est tenu de prononcer ces paroles, en jetant la pavée ou la paille : « Monsieur, je suis votre homme de foi, ceci vous dois, et autre chose ne vous dois. »
L'évêque, marchant nu-pieds depuis cette maison jusqu'à la porte de la ville appelée de Notre-Dame, accompagné des religieux de Saint-Taurin, les doyens, chanoines, chapelains, et tous ceux qui sont de l'église cathédrale, viennent au-devant de lui jusqu’au pont, avec la croix, l'eau bénite et le livre des évangiles, revêtus de chapes comme aux plus grandes fêtes.
Tandis que le prélat est sur le pont avec les religieux de Saint-Taurin, et le Chapitre au delà, l'abbé ou le prieur prononce ces paroles : « Messieurs, voici notre évoque que nous vous amenons, vif le vous baillons, et mort le nous rendrez ».
Ensuite le doyen, donne la croix et le livre des évangiles à l'évêque, et lui fait un compliment fort court, vu que le prélat est nu-pieds.et le conduit jusqu'à la porte de l'église cathédrale [le seigneur de Gauville jetant toujours delà pavée ou de la paille], et le Chapitre est obligé de lui préparer un prie-Dieu, avec un tapis pour mettre sous ses pieds nus ; mais avant que d'entrer dans l'église, il prête serment.
L'évêque, ayant prêté ce serment, entre dans l'église, précédé du Chapitre. On chante une antienne de la Vierge, ou l'on touche l'orgue. Le Chapitre doit gagner promptement le maitre-autel, de crainte que le prélat, qui marche nu-pieds, n'en soit incommodé. Il se met à genoux sur un prie-Dieu, et après qu'il a fait sa prière en silence, il signe son serment sur l'autel.
Il va ensuite à la sacristie pour se chausser et se mettre en état de célébrer la messe pontificalement, qui est chantée avec autant de solennité qu'aux plus grandes fêtes.
Après la messe, l'évêque, qui doit être magnifique dans son joyeux avènement, va à l'évêché, où il y a un grand repas préparé à ses frais, pour tous ceux qui veulent en être.
L'intronisation des évêques d'Evreux était, on le voit, un spectacle d'une singulière et touchante beauté.
Autrefois, comme aujourd’hui. On était traditionaliste à Evreux et l'historien des évêques d'Evreux ne surprend personne lorsqu'il raconte que « pour n'avoir pas voulu prendre possession de sa cathédrale avec le même cérémonial que ses prédécesseurs, Gilles Boutant (165O) ne disposa personne en sa faveur. »
Extrait du Calendrier Spirituel de la ville d’Evreux au XVIIIe siècle. Coutumier de la cathédrale, des abbayes ; des paroisses de la ville d’Evreux à la veille de la révolution. Par M l’Abbe R. Delamare.
St Taurin 1e Evêque d’Evreux
(Eglise de Thiberville)
Vitraux representant la vie de St Taurin
(Eglise de Thiberville)
07:58 Publié dans Témoignages et soutiens | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.