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08/09/2010

Fideliter - septembre/octobre 2010

Mgr Christian Nourrichard, l’actuel évêque d’Évreux, est l’un des cinquante évêques qui furent nommés par le souverain pontife. Issu des rangs du clergé diocésain de Rouen, cet ancien aumônier de la Jeunesse catholique ouvrière et de l’Action catholique ouvrière dans les années 1970 a été nommé pour un premier poste épiscopal le 22 octobre 2005, soit six mois après l’élection de Benoît XVI. Dans un entretien accordé trois ans plus tard à la chaîne audiovisuelle KTO, Mgr Christian Nourrichard louait sans nuance « le dynamisme et l’impulsion » que son prédécesseur Jacques Gaillot avait insufflé à son diocèse. De même, rapportant les propos qu’il tenait à un jeune garçon le sollicitant, il y affirmait : « Par rapport aux personnes plus âgées, je ne parlerais peut-être pas de messe rock. Mais qu’il y ait des messes animées, plus rythmées que celles auxquelles vous participez, je suis tout à fait pour et s’il le faut, tu proposes une date et un jour je viens !»

Or le diocèse d’Évreux a été le théâtre d’une ardente résistance de la part d’un curé attaché à la messe et à la doctrine traditionnelle, M. l’abbé Quentin Montgomery-Wright qui continua, malgré les directives de l’épiscopat français, à maintenir la foi dans les campagnes entourant son village du Chamblac. Mais Mgr Nourrichard n’était pas encore évêque. Cependant, à quelques kilomètres de là, il se confronte depuis quelques mois à un autre prêtre, M. l’abbé Francis Michel, qui a continué à porter la soutane et à inculquer à ses ouailles un catéchisme traditionnel dans lequel on parle de sacrifice ou de péché. S’il célèbre les deux missels, l’ancien et le nouveau, ce dernier dispense la nouvelle messe face à Dieu et en conservant le Kyriale grégorien. Si cette position « biritualiste » est plus proche de celle de Benoît XVI que de celle de la Fraternité Saint- Pie X, elle n’a cependant pas l’heur de plaire à l’évêché héritant d’une telle situation.

Après plusieurs vaines demandes de mise au pas à l’égard du téméraire curé de Thiberville, l’évêque lui a présenté son départ vers un poste de vicaire aux côtés d’un prêtre ne partageant pas cet esprit ratzinguérien sous les voiles de la « réorganisation du diocèse ». Dès lors, une guerre de clochers s’est emparée depuis six mois du village de Thiberville, relayée par les télévisions et les radios locales, enflammant les blogs et sites sur internet. L’évêque d’Évreux, revêtu d’une chasuble arc-en-ciel pour célébrer une messe où il annonçait la révocation du curé, s’est heurté à l’opposition unanime des élus et d’une population largement pratiquante mais qui refuse de voir leur curé en soutane partir au profit de son remplaçant, le curé de Bernay, lequel aspire en guise de programme de carême à « favoriser la syndicalisation des personnes pour contribuer au dialogue social. »

Furieux de cette déconvenue, l’évêque d’Évreux a supprimé au curé les pouvoirs d’administrer le sacrement du mariage. Son but est clair. Il veut que le gênant abbé s’incline purement et simplement devant les canons diocésains. Les maires des villages du secteur se sont réunis pour défendre leur pasteur. L’abbé Michel a porté l’affaire à Rome, mais les deux recours jugeant l’affaire sur la forme l’ont débouté. Sur les bottes de foin, les paysans ont déployé des panneaux indiquant qu’ils étaient pris en otage par l’évêque et ils continuent à assister à la messe du curé de Thiberville.

Le dernier épisode de ce conflit à rebondissements est la publication par l’évêque d’une lettre intimant l’ordre à l’abbé Michel de se soumettre d’ici le 26 juillet sous peine de se voir frappé de la « suspens a divinis ». Et dire que l’histoire ne repasse pas les plats…

 

Côme Prévigny

 

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