Dans le petit monde du catholicisme traditionnel français, tout le monde connaît l'abbé Francis Michel. Durant les 23 dernières années, ce petit personnage obstiné, bien dans sa soutane, a été en charge des âmes du village de Thiberville en Normandie. Les gens du pays aiment son style conservateur, même si ses messes latines ne conviendraient pas à tous les fidèles français. L'église du 12ème siècle de Thiberville, et les 13 autres lieux de culte sous sa garde, sont maintenus en bon état par ses partisans. (De nos jours, certains prêtres dans la France rurale doivent faire face à pas moins de 30 églises.)
Depuis le début de l'année, l'Abbé Francis Michel est en guerre avec l'évêque du lieu - en ce qui concerne l'Eglise, un libéral - qui a essayé de fermer sa paroisse et de le transférer à d'autres fonctions. Un tumulte s'ensuivit en Janvier, lorsque l'évêque est venu à la messe et a essayé de donner ses nouvelles consignes au prêtre. La plupart des villageois ont suivi l'abbé Francis Michel, comme il s'en allait dans une autre église et célèbrait comme au bon vieux temps. Il a fait deux appels à Rome, tous deux rejetés sur des points techniques, un troisième est en cours.
Pour les admirateurs Père Francis, Thiberville est îlot de lumière sur un fond sombre : le quasi-effondrement du catholicisme dans certains de ses bastions. Dans le diocèse d'Evreux, le christianisme a fait partie du tissu de la vie pendant 15 siècles. Parmi ses 600.000 habitants, environ 400.000 pourraient se dire, au moins vaguement, catholiques. Mais le nombre de prêtres de moins de 70 ans est de 39 seulement, et seulement sept d'entre eux ont moins de 40 ans. C'est juste un peu inférieur à la moyenne dans un pays qui, dans les années 1950, se vantait de 40.000 prêtres actifs; dans quelques années, le nombre de moins de 65 ans sera un dixième de cela. Cela suggère un organisme qui n'est pas tant en train de diminuer que de mourir.
Vu de plus près, le catholicisme français n'est pas mort, mais il éclate au point que le centre tient à peine. Les points les plus brillants clignotent en marge : des gens comme l'Abbé Pierre, fondateur du mouvement Emmaüs pour les sans-abris ; "charismatiques", dont le style s'inspire du pentecôtisme, et les traditionalistes qui aiment rites latins et les processions. Pendant ce temps, la partie principale relativement libérale de l'Eglise est presque en chute libre. Comme les conservateurs du type de l'abbé Francis Michel le voient, c'est en grande partie la faute des libéraux eux-mêmes: "Ils n'arrêtent pas de vendre et de fermer des propriétés, tandis que nous [les traditionalistes] sommes occupés à la construction et la restauration."
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Traduit de l'anglais par nos soins (veuillez excuser les approximations). La suite de l'article ne concerne pas Thiberville mais le reste de l'Europe, intéressant mais trop long pour être reproduit ici. Merci à Julius