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19/01/2010

Paperblog - 17 janvier 2010

Une note intéressante qui résume assez bien l'ensemble de l'affaire :

L'abbé Francis Michel, curé de Thiberville, et qui entend le rester

20100103 Bournainville l'abbé 2.JPGLe diocèse d'Evreux est devenu un désert pour l'Eglise catholique, un désert où les voix des prêtres, en voie d'extinction, prêchent ... de moins en moins.

Quelques chiffres publiés sur le site du diocèse ici donnent la mesure de cette désertification. Pour 600000 âmes il n'y a plus que 84 prêtres. Or ce maigre chiffre peut encore faire un peu illusion. En réalité il n'y a plus que 48 prêtres en activité, les autres sont à la retraite. Et sur ces 48 prêtres, 25 seulement ont moins de 60 ans. "Jugez l'arbre aux fruits" dit le Seigneur...

C'est la faillite d'un diocèse de la douce France. Plus sévère qu'ailleurs. Car il a eu la "chance" d'avoir à sa tête Mgr Gaillot, puis Mgr David. Il a maintenant le bonheur d'avoir à sa tête Mgr Nourrichard... Ce dernier, en bon syndic de faillite, après avoir fait ce constat du même métal, a décidé de réorganiser administrativement le diocèse et de répartir autrement les maigres cohortes de son clergé, qui ne veillent plus que sur un  troupeau réduit comme une peau de chagrin. Sauf à Thiberville.

Parmi le clergé de Mgr Nourrichard, il y a en effet un curé, celui de Thiberville justement, l'abbé Francis Michel, du même âge que lui ou presque - Mgr Nourrichard est de 1948 et l'abbé Michel de 1949 - qui a su moissonner dans ce désert. Pourquoi ? Parce qu'à l'imitation du patron des curés, le saint Curé d'Ars, il s'est occupé d'abord de Dieu et du salut de ses ouailles. Il n'a pas attendu que ce soit l'année sacerdotale pour le faire.

En 23 ans d'apostolat il a restauré les 14 églises de sa paroisse - "Rien n'est trop beau pour le Seigneur" disait saint Jean-Marie Vianney. Toutes ces églises normandes ont retrouvé leur éclat d'antan. Et des fidèles. Par centaines, alors qu'il n'y avait plus qu'une vingtaine de paroissiens à son arrivée.

Quelques chiffres, parmi d'autres, témoignent de cette réussite. On sait que le denier du culte est le nerf de la guerre. Or celui récolté à Thiberville, paroisse rurale, est plus important en proportion que celui récolté à Bernay, sous-préfecture et paroisse urbaine. Thiberville représente 5000 âmes et Bernay 15000. La première paroisse a engrangé 22000 euros en 2008 et la seconde 44000.

Le Figaro Magazine du 16 janvier 2010 donne d'autres chiffres :

"Aujourd'hui, comme nous l'affirme Christian Wagner, un laïc, la paroisse de Thiberville [moins de 1% de la population totale de ce diocèse agonisant] est la plus dynamique du diocèse d'Evreux : 120 enfants sont catéchisés ; l'an passé, elle a eu 30 premières communions, 30 professions de foi, et près du quart des confirmations du diocèse (40 sur 170). «Pas mal, non, pour une simple communauté paroissiale paysanne ?» "

Il ne faut pas chercher bien loin les raisons de cette exception diocésaine. Sans être traditionnaliste l'abbé Michel est un curé traditionnel, un curé authentique. Dans sa paroisse, comme l'a demandé le pape Benoît XVI, les deux formes ordinaire et extraordinaire de la liturgie cohabitent. Les cérémonies ont gardé leur éclat d'antan et convertissent davantage que les meilleurs sermons.

Les "bouseux" de Thiberville sont revenus à la foi de leurs ancêtres et reçoivent les sacrements, de la main de leur curé de campagne, toujours vêtu d'une soutane, symbole de son état religieux. L'abbé Michel a interprété le Concile Vatican II à la lumière de la Tradition de l'Eglise, officiant d'ailleurs tourné vers l'autel, c'est-à-dire vers le Seigneur, dans la même direction que ses ouailles.
 
Le 19 juin 2009, fête du Sacré Coeur de Jésus, Mgr Nourrichard nomme l'abbé Michel ici, "prêtre coopérateur", ce qui en bon français veut dire "vicaire", de la paroisse redécoupée de Père Laval-Louviers-Boucle de Seine, à l'autre bout du département de l'Eure, sous la coupe d'un jeunot qui n'a que 14 ans de service à son actif, une sanction épiscopale pour ses 23 ans de bons et loyaux services.

Et Thiberville ? La paroisse sera démantelée. Elle sera desservie, de temps en temps, quand il aura un moment, par l'abbé Jean Vivien, curé de Bernay, qui dissimule sa prêtrise dans les pans de son blouson et sa jalousie confraternelle, le doigt sur la couture de son pantalon.

Le dimanche 3 janvier 2010 devait être la dernière messe de l'abbé Michel à Thiberville. Ce jour-là, le peuple catholique de cette paroisse vivante ne l'a pas entendu ainsi. Il s'est rebellé contre son évêque qui, au cours des derniers mois, n'a voulu écouter ni son pasteur, ni ses brebis.

Le peuple paysan de Thiberville a fait entendre sa sainte colère en quittant l'église pour aller suivre la messe de l'abbé Michel dans une autre église de la paroisse. L'évêque, l'abbé Jean Vivien - le "remplaçant" - à ses côtés, s'est retrouvé tout seul ou presque, entouré de gens venus de Bernay, effarés par la tournure des événements. Ensuite il a tenté vainement d'entrer dans le sanctuaire de Bournainville- Faverolles, situé à quelques kilomètres de Thiberville, où l'abbé Michel célébrait la messe.

Rome devra trancher le différend entre l'évêque et le curé, l'évêque qui fait le vide autour de lui, le curé qui gagne des âmes à Dieu.

L'évêque qui ne veut pas revenir sur son décret du 19 juin 2009, tout en laissant provisoirement le curé exercer son ministère sur place. L'évêque qui, pitoyablement, parle en ces termes du Souverain Pontife :

"C'est lui qui est venu me chercher. Ce n'est pas moi qui lui ai demandé d'être évêque d'Evreux".

Le curé, soutenu également par les élus locaux, maire en tête, qui dit simplement :

"On ne peut pas m'arracher le coeur, ni la pensée, ni l'âme. Et je demeure dans mon esprit le pasteur de ces fidèles".

Le curé qui recommandait l'autre dimanche de ne pas faire "de tête à coincer des roues de corbillard".

Francis Richard  

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