19/04/2010
Ouest France - 19 avril 2010
« Si notre curé part, Thiberville mourra »
L'abbé Francis Michel, curé du village et de douze autres clochers dans l'Eure, est sommé par le Vaticande quitter sa paroisse. Les habitants font bloc autour de lui.
« Si vous trouvez la porte de l'église fermée, ne demandez pas au Ciel où je suis. Je suis toujours là. » Ces mots ont ponctué l'homélie de l'abbé Francis Michel, dimanche matin à Thiberville. Le prêtre est prié, par le Vatican, de quitter son poste. Fin mars, Rome a parlé : Thiberville n'est plus reconnue comme paroisse et l'abbé Michel n'a plus les pouvoirs canoniques pour célébrer les mariages. Le curé refuse, les paroissiens aussi.
À la messe de 10 h, les bancs ne peuvent accueillir tous les fidèles. Chaque dimanche, 450 personnes viennent écouter ce prêtre « rassembleur », « ouvert », « humain ». « Il incarne complètement sa mission et la remplit avec beaucoup de ferveur », estime Emmanuel, 45 ans. « Il fait des processions dans les rues. Vous en voyez beaucoup d'autres faire ça ? », interroge André, retraité. « Que nous allions à la messe ou pas, il nous regarde pareil », témoigne Denise, dont le mari décédé en juillet « refusait de passer par l'Église si l'abbé Michel n'y était plus ».
Le 3 janvier 2010, les paroissiens de Thiberville avaient défendu leur curé contre l'évêque d'Évreux, Mgr Nourrichard, venu pour installer un nouveau prêtre. Une énième pétition a circulé, pour le maintien de l'abbé. Des milliers de signatures. Sur Facebook, réseau sur Internet, un groupe de soutien s'est constitué.
Messe en latin
« L'affaire » du curé de Thiberville commence en avril 2008. L'abbé Michel, victime de calomnies, notamment dans la gestion des fonds de ses paroisses, est convoqué par Mgr Nourrichard qui lui demande de partir. Les accusations sont classées sans suite par le procureur de la République. L'évêque, jugé très progressiste, estime alors que le temps passé dans la paroisse de Thiberville (23 ans) est trop long.
Certains paroissiens y voient une jalousie mal placée, « parce que c'est chez nous qu'il y a le plus de fidèles ». À la boulangerie, comme au bureau de tabac, de la commune de 1 600 habitants, on confirme : « Les gens viennent du Havre, de Rouen, de Louviers et de Lisieux. Sans l'abbé Michel, on verrait moins de monde. Le village serait mort. »
D'autres regrettent que les messes dites en latin fassent autant de bruit. « Du temps de Mgr Gaillot, un prêtre anglais ne parlant pas bien le français avait obtenu une dérogation. L'abbé Michel a proposé d'en maintenir une, le dimanche après-midi, pour avoir la paix des fidèles », explique une dame de l'Église qui veut taire son nom. L'abbé Francis Michel, lui, ne veut plus s'exprimer sur ces tensions. Il a fait appel de la décision du Vatican.
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NDLR : De nombreuses expression de cet article sont pour le moins inexactes, comme le fait que c'est une "décision de la Congrégation de Rome" qui demanderait à l'abbé de partir, c'est bien au contraire l'absence de décision de Rome contre celle de l'évêque d'Evreux qui est en jeu aujourd'hui. Ce dont nous attendons la deuxième réponse en appel.
21:23 Publié dans Revue de Presse | Lien permanent | Commentaires (0)
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